Fatiha Nesrine
LA PRIERE DE SHEHERAZADE
Najia Abeer avait bien saisi la mentalité de l'auteure lorsqu'elle avait commenté son premier ouvrage : « La tête demeure l'unique espace de liberté ». Une phrase qui résume les histoires (neuf nouvelles) et l'écriture de Fatiha Nesrine.
C'est un peu (beaucoup même) un monde presque parallèle, en tout cas autre, qui est décrit : celui des rêves et des illusions, celui de l'adulte encore enfant, celui qui, malgré toutes les contingences (presque toutes contraignantes, sauf celles de la nature) reste libre... de penser, de voir, de sentir et de ressentir (surtout de l'amour), de courir, de rêver…
Inès… c'est la découverte de l'autre, porteur d'amour, grâce à Internet. Une rencontre, portée par la poésie, partagée de la peinture, un art de liberté par excellence.
Les enfants du vent... histoire de jeunes harraga (dont deux très jeunes... dont une fillette) qui veulent « exister » avant tout. Assez triste mais pas désespérée.
L'autobus Rouiba-Alger… A la recherche de l'autre par le biais d'un courrier du cœur… et la déception.
Hiziya… Deux jeunes filles en fleurs, en randonnée dans la forêt de Bouchaoui, cadre paisible et familial, qui fantasment (comme beaucoup de mères de famille qui veulent « placer » leur fille) sur un beau cavalier et un vendeur de thé (lui aussi assez beau).
Le verger a levé l'ancre... un doux jeune homme, «rêveur» de femme idéale.
La terre et les cinq Dormants… une leçon d'écologie et sur l'avenir de notre mère la Terre
La prière de Shéhérazade… ou les souvenirs d'enfance d'une fille libre confrontée aux réalités d'aujourd'hui. Chance de l'une, calvaire des autres.
L'émeraude… ou un voyage au royaume des Incas. Autre temps, autre approche de la nature
Au royaume de Juba II et Cléopâtre Séléné… quand le pouvoir et la culture vivaient en symbiose.
Toutes écrites avec un sens certain de la pédagogie. Mazette, on ne se refait pas ! Comme les militaires. Enseignant un jour, enseignant toujours !
L'Auteur : Née en 1950 à Collo, a fait l'Ecole nationale supérieure de Constantine puis celle d'Alger, DEA en linguistique à l'Université d'Alger, professeur de lettres françaises et formatrice d'enseignants, co-auteure de manuels scolaires et de livrets pédagogiques à l'IPN… déjà auteure d'un roman « La baie aux jeunes filles » (L'Harmattan 2000 et Thala éditions en 20015, 143 pages).
Avis : Du rêve et de la douceur. Des nouvelles «écologiques» et moralisatrices qui se laissent lire.
Citations :
« Pour rêver, il faut d'abord exister » (p.32),
« L'abus de pouvoir est l'un des éléments de ce fléau qui gangrène le pays. Tu crois que tout t'appartient : terres, biens, hommes, femmes. Et, pour être sûr que rien ne bougera pendant des générations, tu en fais un monde en béton » (p.39)
Belkacem Ahcene Djaballah